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C'est arrivé le 11 novembre 1918

C'est arrivé le 11 novembre 1918

14-11-2018 à 07:43:00

Mon cher Léon,

Victoire ! Victoire !

Entends-tu sonner à toute volée les cloches de l’église de notre cher village qui
se joignent à toutes celles des clochers
de France ? Qu’elles sonnent pour ce jour où elles célèbrent notre victoire, elles qui ont annoncé tant de décès ces dernières années ! Dieu a entendu nos prières, l’armistice est signé, notre pays va enfin connaître à nouveau la paix.

C’est à 5h15 ce matin qu’a eu lieu ce moment historique. Une clairière isolée des regards à proximité de Rethondes dans la forêt de Compiègne fut choisie pour la rencontre. L’endroit se situait non loin de la gare et du quartier général des alliés. Deux trains
s’y trouvaient : l’un pour les alliés, l’autre pour la délégation allemande. L’entrevue
se déroula dans le wagon-restaurant du train d’État-major du maréchal Foch.

Étaient présents le maréchal Foch, commandant suprême des forces alliées, et le général Weygand, ainsi que des représentants britanniques. Du côté allemand, ce furent
des civils du gouvernement en place qui acceptèrent les conditions d’armistice.

Que te dire de plus sinon qu’il va nous falloir, après ce moment de liesse, revenir
à la dure réalité et reconstruire nos vies, nos villages, notre pays. Combien de camarades sont morts tout au long de ces quatre terribles années ? Le temps nous le dira mais
ils sont nombreux, trop nombreux, les soldats qui sont tombés dans les tranchées.
Et les civils ? Des villages entiers ont disparu de la carte, rasés par les bombardements. Chaque famille, chaque commune a payé un lourd tribut à ce maudit conflit et les noms des grandes batailles résonneront encore bien longtemps dans la mémoire des Français : la Marne, Verdun, le Chemin des Dames… Que le souvenir du sacrifice
de nos camarades ne s’éteigne jamais et puisse cette guerre être la « der des der » !

Je ne peux finir ma lettre sans te citer, en hommage à nos morts, ces quelques vers extraits d’Ève du grand poète Charles Péguy :

« Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle,
Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre.
Heureux ceux qui sont morts pour quatre coins de terre.
Heureux ceux qui sont morts d’une mort solennelle.

[…]

Mère, voici vos fils et leur immense armée.
Qu’ils ne soient pas jugés sur leur seule misère.
Que Dieu mette avec eux un peu de cette terre
Qui les a tant perdus et qu’ils ont tant aimée. »

Je rends tous les jours grâce à Dieu d’avoir été épargné et suis heureux de pouvoir bientôt tous vous embrasser.

Marcel

Actuailes n°91- le 14 novembre 2018


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