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Le progrès ?

Le progrès ?

09-05-2017 à 22:50:17

Le 25 avril, dans une revue scientifique, des médecins de l’hôpital pour enfant de Philadelphie ont exposé le fruit de leur travail en vue de soigner des grands prématurés : ils ont créé un utérus1 artificiel dans lequel ils ont introduit des fœtus (individu avant la naissance) d’agneau bien avant le délai de la naissance normale.

 

En branchant des cathéters (tuyaux intra-veineux) apportant de l’oxygène dans l’ombilic2 des agneaux, ainsi que des nutriments (aliments déjà digérés), et grâce à un liquide remplissant la poche de cet utérus artificiel, préparé pour être le plus proche de la composition du liquide amniotique qui entoure naturellement les fœtus, ils ont permis à ceux-ci de se développer pendant quatre semaines.

C’est la première fois que l’on obtient une survie si longue de petits animaux dans un appareil extérieur au corps maternel. L’un des organes les plus touchés lors d’une naissance prématurée (avant la date prévue, appelée terme) est le poumon, qui doit baigner, pour un développement normal, dans ce fameux liquide amniotique suffisamment de temps pour arriver à maturité.

Les petits animaux ou les bébés humains nés prématurément meurent souvent de complications respiratoires ou en gardent de graves séquelles. Les fœtus-agneaux de cette expérience ont pu développer leurs poumons correctement dans l’utérus artificiel et l’espoir des chercheurs américains est de pouvoir ainsi permettre la survie de bébés humains très grand prématurés, pour les amener jusqu’à un stade où leurs poumons sont viables (compatibles avec la vie à l’extérieur).

Le fruit de leur recherche est impressionnant. Leur volonté de lutter contre la mort inévitable de tout-petits hommes profondément louable. Mais de telles recherches ont des conséquences graves qu’il est nécessaire de mesurer. Si l’on part dans cette direction, quelle limite se donne-t-on ?

Actuellement on sait provoquer la fécondation in vitro (dans un tube à l’extérieur du corps de la mère) quand un couple n’arrive pas à avoir d’enfant. Le temps passé dans le tube à tendance à s’allonger afin d’effectuer des analyses pour connaître la santé du petit embryon.

Plus on va souhaiter « maîtriser » ce temps du début de la grossesse, puis chercher à remplacer le corps de la maman pour la fin de la grossesse, plus on se dirige vers une grossesse externe au corps maternel (ce que souhaitent certains transhumanistes, nous parlerons de ce sujet prochainement).

Ce qui nous fait prendre deux risques essentiels : oublier que l’homme n’est pas une mécanique qui fonctionne, mais un être doué d’une âme et d’un esprit non séparables de son corps. Le développement qui fait de moi un Homme est un développement en relation avec quelqu’un : par les hormones, les mouvements, les bruits, les goûts de ma mère, je suis devenue un Homme.  Qui sait ce qu’entrainerait profondément l’oubli de ce lien intime dès les premières secondes ?

Le second risque est de faire de l’enfant un produit comme un autre, qu’on peut « fabriquer » indépendamment de la relation d’amour de deux personnes, dont on peut vérifier la qualité avant de le laisser naître, voire dont on pourrait modifier les caractéristiques en changeant le milieu de développement. Car, si ce qui est possible à la science n’est pas soumis à une discipline morale, alors elle le fera. L’enjeu, c’est l’humanité.

 

Actuailes n° 69 – 10 mai 2017

 


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