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Le « blues » des blouses  blanches

Le « blues » des blouses blanches

07-02-2017 à 23:17:49

Ces dernières semaines, les urgences font parler d’elles. Que s’y passe-t-il ?

 

Le 11 janvier dernier, une interne (étudiante en fin de cursus, elle est déjà médecin, mais doit encore passer sa thèse – travaux présentés sous forme d’ouvrage – pour être docteur en médecine), Sabrina Ben Ali, postait sur Facebook une vidéo à l’intention de la ministre de la Santé, Marisol Touraine, pour dénoncer les mauvaises conditions d’accueil des patients aux urgences. Quelques jours plus tard, le 18 janvier, c’est près de la moitié de l’équipe médicale des urgences de l’hôpital de Dreux (Eure-et-Loir) qui annonce sa démission, devant un rythme et des conditions de travail « insoutenables ». En octobre dernier, à l’hôpital d’Avignon, le même scénario s’était produit.

Le premier problème est l’augmentation du nombre de patients : problème aigu parce que nous sommes en plein dans l’épidémie de grippe et de gastroentérite, et que les maladies cardiovasculaires (du cœur et des vaisseaux, comme l’infarctus, par exemple) sont plus fréquentes en hiver. Mais aussi problème chronique, entre 2002 et 2012, il y a eu une augmentation de 30 % du nombre de consultations aux urgences, sans augmentation adaptée des moyens d’accueil. Ceci est dû en partie à la diminution du nombre de médecins en ville, mais aussi à un mauvais usage de l’hôpital, alors que beaucoup de patients pourraient consulter leur médecin généraliste. Toute personne qui se présente aux urgences y est examinée et peut-être faudrait-il un système de « tri » pour éviter leur engorgement…

Face au nombre de patients qui augmente, il y a un problème d’effectif médical : le budget de la santé prévoit plutôt des réductions de dépenses pour les hôpitaux, ce qui amène certains à ne pas recruter suffisamment de médecins pour ces services tendus. Ceux qui restent ont alors un rythme fou. Dans beaucoup d’autres endroits, les postes existent, mais ne sont pas pourvus, faute de médecins volontaires. C’est un cercle vicieux : moins on est nombreux, plus les conditions de travail sont difficiles et moins les volontaires sont tentés ! Une diminution du temps de travail aux urgences a été décidée en 2014, associée à une augmentation du salaire, mais, faute de nouvelles recrues (pour les deux raisons précédentes), les choses n’ont pas beaucoup changé.

Pour garder une qualité de soins correcte, il faudrait revoir la répartition et l’organisation entre la médecine libérale et les services hospitaliers, ainsi que le financement de l’hôpital en fonction des services rendus (c’est le seul lieu à pouvoir gérer l’urgence et l’urgence extrême, 24h/24). Dans un contexte de manque de médecins (les chiffres ne réaugmenteront pas avant une dizaine d’années) et de déficit du budget de la France, il n’est pas évident que la solution soit facile à trouver…

 

Anne-Sophie Biclet

 

 

Actuailes n° 64 – 8 février 2017

 


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