Figure de fantaisie - Fragonard

Diderot ne serait pas Diderot… Ce portrait, connu depuis bien longtemps pour être celui du célèbre philosophe, ne le représenterait pas, même si vous le trouvez encore sous cet intitulé dans vos manuels d’histoire ou de littérature. Son changement de nom ne réduit en rien l’intérêt de l’œuvre, l’une des dix-huit « figures de fantaisie » peintes par Fragonard, et l’impression de mouvement qui se dégage de l’ensemble.

Le personnage semble surpris dans sa lecture et se tourne pour regarder quelque chose ou quelqu’un,  situé à l’extérieur du tableau. Le mouvement est saisi comme dans un instantané. Le lecteur tourne de la main droite les pages d’un livre, son coude repose sur un autre ouvrage épais. Le fond est austère, seule y joue la lumière, sans aucune fioriture qui viendrait détourner le regard de l’étude. Nous serions bien en peine de détailler les vêtements, juste esquissés, mais on devine de belles étoffes. Le blanc de la chemise vient mettre en valeur le visage et les mains, comme l’éclairage, qui vient du haut gauche du tableau. 

Les yeux du modèle, philosophe ou pas, pétillent d’intelligence. Ce qu’il regarde doit être plaisant, car il esquisse un sourire. Les cheveux, un peu clairsemés, de cet homme d’âge mûr, sont poivre et sel. 

Fragonard avait la réputation de peindre avec une très grande virtuosité, d’un geste vigoureux et sûr. Le tableau est réalisé à grands traits de pinceaux. La touche est vive et dégage beaucoup d’énergie. La manière dont les mains sont représentées en est la preuve. On raconte d’ailleurs qu’il pouvait peindre un portrait en une heure ! Imagine ce qu’il fallait de travail (et de talent…) pour parvenir à une telle réussite.

Carte d’identité de l’œuvre

Date : peint vers 1769
Taille : 65 x 81,5 cm
Technique : Huile sur toile
Lieu d’exposition : Musée du Louvre, Paris
Mouvement artistique : Rococo

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