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Les OGM

Les OGM

24-05-2016 à 23:28:53

Le 21 mai a eu lieu la « marche contre Monsanto » (entreprise américaine spécialisée dans les biotechnologies agricoles), on pouvait lire sur certaines banderoles « pour une terre sans OGM ».

Le mot OGM, « organisme génétiquement modifié », est ambigu : par « organisme », on entend tout être vivant, une levure pour le pain, une plante ou un animal. Toutes les sélections pratiquées depuis des siècles, même non OGM, sont des « modifications génétiques ». Le mot OGM a donc surtout un sens réglementaire.
Qu’est-ce qu’une modification génétique ?


Les modifications naturelles
Les mutations et le brassage naturel entre plantes, au hasard des pollinisations, cachent des particularités nombreuses : les fleurs unisexuées (par exemple les primevères) qui nécessitent des fécondations croisées, ou les plantes « mâles stériles » qui ne peuvent vivre seules. Citons aussi les fécondations entre espèces différentes : un âne et une jument donnent le mulet, individu qualifié d’« hybride ».


Les modifications génétiques menées par l’homme
L’homme exploite ces processus naturels à son profit. Dès l’Antiquité, on savait greffer et bouturer. Puis la sélection classique a consisté, à la récolte, à mettre de côté, pour l’année suivante, des graines semblant performantes.
Plus tard, les sélectionneurs ont croisé des lignées, espérant que le hasard serait favorable : il faut alors attendre la récolte suivante pour vérifier si des gènes (50 % d’origine mâle et 50 % femelle) n’ont pas brouillé le résultat espéré. La sélection classique est donc un processus lent et aléatoire. Pour améliorer la sélection, l’homme a utilisé le phénomène naturel de l’hybridation. Près de 100 % des maïs cultivés sont hybrides, même chez les producteurs « bio » (lire Actuailes n° 32). Ce ne sont pas des OGM.


Qu’est-ce qu’un OGM ?
C’est un produit issu de la « transgénèse », technique consistant à introduire un ou plusieurs gènes dans la plante, et à le placer soit au hasard, soit sur un emplacement ciblé améliorant les synergies entre gènes. La complexité est telle qu’il devient difficile, pour un contrôleur, de vérifier si une plante est OGM ou non.

Quel est l’usage des OGM ?
Près de 200 millions d’hectares dans le monde sont cultivés avec des OGM, dont 84 % aux USA, au Brésil, en Argentine et au Canada. Ils progressent en Inde et au Bangladesh. La première utilité des OGM consiste à introduire dans un maïs ou un colza un gène leur permettant de ne pas être éliminé par les désherbants destinés à tuer les autres mauvaises herbes qui leur font concurrence. Aujourd’hui, là où le désherbage n’est pas maîtrisé, cette concurrence fait perdre l’équivalent de 100 millions de tonnes de céréales ! On peut aussi produire des riz OGM vitaminés améliorant leur qualité nutritive.


Fausses peurs ou vrais risques ?
Les fausses rumeurs
– Le monopole de Monsanto ? C’est un peu vrai, mais il existe au moins cinq autres producteurs aux USA, en Europe et en Chine qui le bousculeraient s’il y avait de vrais risques sanitaires ou écologiques.
– L’interdiction, pour les agriculteurs, de reproduire les semences OGM ? C’est faux : la loi prévoit « le privilège de l’agriculteur ». Mais un simple jardinier sait que, chaque année, les graines qu’il autoproduit perdent progres-sivement leurs performances : il préfère les renouveler et en acheter de nouvelles.
– Les risques de santé ? Rien n’a jamais été constaté sur les millions de consommateurs, ni lors de l’autopsie faite sur des millions d’animaux dans les abattoirs. C’est une réalité en vraie grandeur plus probante que les essais de laboratoire sur quelques individus.              – Le risque d’allergie ? On sait que 2 à 8 % des personnes seulement souffrent d’une allergie alimentaire, mais ne pas tolérer un aliment ne signifie pas qu’on y est allergique.
– Le risque de dissémination des patrimoines génétiques OGM dans l’environnement ? Elle existe aussi dans la nature avec une puissance de brassage considérable.


Les problèmes plus sérieux
– Au plan économique, lorsqu’un brevet arrive à échéance, il faudrait qu’un industriel ne laisse pas improductif une ancienne technologie, mais la fasse fructifier par ceux qui le souhaitent.
– Au plan politique, les OGM peuvent être un enjeu de pouvoir. Prenons l’exemple du partenariat signé en la société de pharmacie Sanofi et  la fondation Bill-Gates pour produire un médicament contre le paludisme à partir d’OGM. Or, la fondation Gates a été accusée de tromper sur la finalité de certaines campagnes de vaccination qu’elle finance et qui seraient utilisées pour réguler les naissances.
– Au plan éthique, une technique utile n’est pas forcément éthique. On le voit avec les recherches sur les embryons humains. Mais il faut discerner selon les cas : la sélection sur l’homme est de l’eugénisme car elle nuit à la dignité de l’homme. Ce n’est pas le cas avec la sélection végétale ou animale pratiquée depuis des siècles !


Conclusion
Il y a une forme de mépris à considérer que l’intelligence de l’homme serait plus dangereuse que le hasard de la reproduction sexuée de centaines de milliers de gènes : on rêve d’une nature sans homme ! Une technique n’est ni bonne ni mauvaise ; tout dépend de son usage : on peut aussi bien, avec les OGM, produire des plantes résistant à la sécheresse que renforcer la puissance dangereuse du cannabis. La situation est paradoxale : au Nord, une sorte d’esthétisme de luxe prétend que les OGM sont dangereux. Et au Sud, un milliard d’agriculteurs désherbent manuellement leurs champs et 600 millions n’ont accès à aucun engrais ni produit de protection des plantes. En Afrique, seulement 4 à 5 % d’entre eux utilisent des semences améliorées OGM ou non. Où est la justice ?

Pour en savoir plus, http://jeunes28.les2ailes.com

Mots compliqués
Greffe : En botanique, la greffe est une technique consistant à faire une coupure avec un poinçon dans un jeune tronc sélectionné pour sa robustesse et à y insérer une jeune tige d’un autre arbre sélectionné pour la qualité de ses fruits. Bouture : Mot venant du verbe bouter (« pousser ») parce qu’on boute en terre une branche coupée qui développera des racines dans la terre. Lignée : Du latin linea (« ligne »). Au XIIe siècle, le mot lignée a pris le sens d’un ensemble d’individus qui descendent du même individu. Ils font alors partie de la même race. Hybride : Du latin hubrida (« bâtard, de sang mêlé »). En génétique, un hybride provient de deux espèces ou parfois de deux races ou variétés différentes.


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