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Guide de haute montagne

Guide de haute montagne

26-04-2016 à 22:37:03

Emmanuel Morin est guide de haute montagne à Chamonix, vallée de Haute-Savoie dont le seul nom fait rêver les amateurs d’alpinisme du monde entier. Il est aussi instructeur à l’EMHM (école militaire de haute montagne).

Emmanuel Morin, vous pouvez vivre votre passion au travers de votre métier. En quoi consiste-t-il ?
Je suis guide de haute montagne. À ce titre, j’accompagne des personnes en montagne, en escalade, en ski hors pistes. Pendant quelques heures ou quelques jours, je leur fais découvrir ce merveilleux milieu naturel, se sentir en sécurité, malgré les dangers.
Je suis aussi formateur et j’enseigne à des militaires de l’armée française comment évoluer en « milieu montagne », savoir évaluer les dangers, adapter l’itinéraire à ces derniers et aux capacités physiques et morales des unités qu’ils seront amenées à encadrer à leur tour.


Quelle est la formation pour devenir guide ?
Avant de commencer sa formation, il faut aimer et pratiquer l’escalade, l’alpinisme, le ski et avoir une bonne condition physique. L’examen d’entrée comprend des épreuves de ski hors pistes, d’escalade en falaise, et une course en montagne. Des « courses »  déjà réalisées doivent être présentées et décrites, avec leurs difficultés.
Si on réussit toutes ces épreuves, la formation dure quatre ans pendant lesquels on apprend toutes les techniques nécessaires pour accompagner des gens en montagne et assurer leur sécurité.

Pour rester au meilleur niveau, avez-vous un entraînement particulier à suivre ?
Il faut toujours garder une bonne forme physique et s’entrainer souvent en ski, escalade en falaise et en montagne, marche sur glacier, cascade de glace, canyoning, etc.
Des stages de « recyclage » réguliers nous permettent d’échanger des avis sur les nouveaux matériels, de faire le point sur l’évolution de la réglementation et de partager des expériences sur des courses avec clients. Comme dans beaucoup de métiers, on apprend en permanence et le « retour d’expérience1 » est très important.

Comment percevez-vous votre rapport à la nature dans vos activités en montagne ?
La montagne et la nature sont mon bureau. Je le partage avec d’autres et je le fais découvrir. Évoluer dans ce milieu naturel nous confronte à la beauté de la création divine, nous en rappelle sans cesse la force et la puissance, mais aussi sa fragilité. À nous de savoir la connaître et la respecter avec humilité.

Quel est votre plus beau souvenir de course en montagne ?
La dernière étape de l’ascension du Broad Peak au Pakistan (8047 m) m’a laissé un merveilleux souvenir. D’abord la rencontre avec un grand alpiniste mexicain que j’ai pu aider un peu en partageant une boisson chaude avec lui alors qu’il venait de passer la nuit dehors en des-cendant du sommet. Puis, après avoir été obligé de me réchauffer les pieds plusieurs fois pour ne pas geler, une belle escalade sur une arête rocheuse et une traversée de 2 km sur une crête de neige à 8000 m d’altitude, face au K2 (8611m) avec une « tempête de ciel bleu2 » et un froid glacial.

1. Retour d’expérience : bilan permettant de tirer des leçons des réussites et échecs passés, afin de progresser.
2. Tempête de ciel bleu : très beau temps, sans nuage.

Le lieutenant-colonel Hilaire Courau, chef de corps de l’EMHM, nous en dit plus à propos de cette école


Ses missions sont de former des cadres des troupes de montagne dans les domaines de la technique et du combat en montagne, été comme hiver, d’élaborer des règlements sur la pratique de la montagne pour les militaires compte tenu des retours d’expérience, de développer l’expertise de la vie en milieu montagneux et en conditions extrêmes au profit de l’armée de Terre.
C’est une école d’excellence.
L’EMHM forme ses propres sous-officiers au sein de la section d’éclaireurs de montagne (SEM). Elle est constituée de jeunes gens directement recrutés dans le milieu civil, et d’élèves sélectionnés parmi les meilleurs engagés volontaires des unités spécialisées en montagne. Ils suivent une année de formation, avant de rejoindre des régiments de montagne ou certaines unités des forces spéciales. Ils commanderont une dizaine d’hommes en montagne et en opérations extérieures. Un beau métier pour les passionnés de montagne…
Quant à l’équipe de France militaire de ski, elle participe au rayonnement de la France. Savez-vous que vous connaissez un sergent de cette « armée de champions » ? Le médaillé olympique de biathlon Martin Fourcade !

Actuailes n°51 - 27 avril 2016


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