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Le chat qui ne mangeait pas de souris, de Carmen Agra Deedy et Randall Wright

24-11-2015 à 14:23:31

Le chat qui ne mangeait pas de souris de Carmen Agra Deedy et Randall Wright, illustré par Barry Moser, traduit par Marie Hermet. Éditions Flammarion, collection Grands formats. Paru en anglais en 2011 et en octobre 2014 pour la version française. 317 pages. 14,50 euros. Garçons et filles 11-12 ans.

Partons à Londres, à l'époque victorienne, dans un pub réputé pour son fromage affiné par le chef lui-même. En fin observateur discrètement installé au coin d'une table, Charles Dickens en personne vient y chercher l'inspiration.

Mais qu'observe Dickens ? Une galerie de personnages tous plus piquants les uns que les autres :  une serveuse caractérielle, une cuisinière terrorisante ou encore une jeune fille prise pour une folle parce qu'elle communique avec les animaux. Ces animaux, personnages principaux du roman, ce sont les milliers de petites souris qui hantent ce temple du fromage et dont le patron n'arrive pas à se débarrasser. A cette fin, il recrute un chat attiré en ces lieux non pas par les souris, comme on pourrait logiquement le penser, mais par le fromage... Et c'est là le nœud de l'intrigue. Car ce n'est pas un chat normal et il va nouer un pacte de non agression avec les souris en échange de sa part de fromage quotidienne. Il fait semblant d'attraper les souris et se promène avec sa proie entre les dents. Dickens finit par repérer que c'est toujours la même...

Mais un autre chat de gouttière cruel et bagarreur s'introduit et vient semer la zizanie. Pour achever le tableau, un grand corbeau blessé, tombé de la Tour de Londres, est caché dans le grenier et soigné par les souris. Il s'avère être un vieux sage qui donne de belles leçons sur le pardon et l'amitié. Car ce théâtre d'intrigues loufoques n'est pas exempt de (petits) drames psychologiques.

On s'attache aux personnages, humains ou animaux dotés de la parole. L'une des souris a même appris à lire et à écrire... Ce qui va bien arranger Dickens en panne d'inspiration !

Les points forts de ce roman, en dépit d'une petite baisse de rythme passagère après les cent premières pages, sont des dessins au crayon ravissants et très drôles ainsi que des clins d’œil aux grands auteurs anglais de l'époque qui effectivement fréquentèrent ce pub, un des plus vieux de Londres toujours en activité aujourd'hui, Ye Olde Cheshire Cheese. Ce sont aussi un style soigné plein d'humour et une chute pleine de surprises et d'énergie !

Si je vous dis que la reine Victoria en personne vient rechercher son royal corbeau et remercie les souris de leurs bons soins en leur donnant l'impunité et sa protection, vous aurez compris que ce roman qui s'adresse aux 11/12 ans, brille par son originalité, son côté burlesque et son humour très anglais.

Voici l'une des dernières répliques de la cuisinière à qui l'on demande ce qu'elle fait des meules de fromage dédaignées par les souris. Elle se tourne vers la reine pour lui annoncer avec fierté : « Si nos souris n'en veulent pas, je le vends aux Français »...

 Valérie d'Aubigny


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