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Le 11 novembre 1940 : manifestation des étudiants de Paris

Le 11 novembre 1940 : manifestation des étudiants de Paris

08-11-2015 à 21:39:30

C’est arrivé le 11 novembre 1940…

 

Vous connaissez tous le 11 novembre 1918, qui marque la fin de la Première Guerre mondiale. Mais savez-vous ce qui s’est passé le 11 novembre 1940 à Paris ?

 

Paris sous la botte….

Depuis juin 1940, Paris vivait sous la botte de l’occupant allemand. À la fin de l'été, les réfugiés ont regagné la capitale. Les vacances scolaires sont terminées et la vie reprend une apparence normale. Les premières initiatives de « résistance » ne sont qu’à leur début. Dans les milieux étudiants, le ressentiment est grand devant l’humiliation de la défaite et de l’occupation. Les premiers graffitis fleurissent sur les murs : V de la victoire ou slogans anti-allemands. Les premiers tracts circulent également sur les bancs des lycées ou des universités.

 

Un souvenir de victoire….

Peu à peu la rumeur enfle : on projette d’organiser une grande manifestation à l’occasion du 11 novembre. Cette date est en effet le symbole de la défaite allemande, et donc un gage d’espérance pour l’avenir.

Le 10 novembre, le communiqué suivant est diffusé :

« Étudiant de France !
Le 11 novembre est resté pour toi jour de fête nationale.
Malgré l’ordre des autorités opprimantes, il sera jour de recueillement.
Tu n’assisteras à aucun cours.
Tu iras honorer le Soldat inconnu, à 17h30.
Le 11 novembre 1918 fut le jour d’une grande victoire.
Le 11 novembre 1940 sera le signal d’une plus grande encore.
Tous les étudiants sont solidaires pour que
vive la France !
Recopie ces lignes et diffuse-les. »

 

Sur les Champs-Elysées…

 

La flamme sur la tombe du Soldat inconnu. Source : Jacques Robert.

 

Mais la préfecture de police réagit en déclarant : « Les administrations publiques et les entreprises privées travailleront normalement le 11 novembre à Paris et dans le département de la Seine. Les cérémonies commémoratives n’auront pas lieu. Aucune démonstration publique ne sera tolérée ».
L’avis interdisant de manifester pour le 11 novembre est affiché dans tous les établissements scolaires et universitaires, ce qui suscite une vague d’indignation et de colère.

Au matin de ce lundi 11 novembre, la police fait le tour des lycées parisiens mais ne constate rien d’anormal. Tout au long de la matinée, des gerbes anonymes sont cependant déposées au pied de la statue de Clémenceau, le Tigre, artisan de la victoire de 1918.

Mais vers midi, les premiers heurts éclatent sur les Champs-Elysées entre une centaine de jeunes gens, arborant des cocardes tricolores, et la police. Puis, en fin d’après-midi, à la sortie des cours, le flot des étudiants et lycéens grossit sur les Champs et la place de la Concorde. Alors que le soir arrive, ils sont près de 4000 manifestants, arborant des drapeaux tricolores, lançant des « Vive la France ! » et chantant la Marseillaise.

 

 

Manifestation du 11 novembre 1940. Des étudiants de l’Institut agronomique s’apprêtent à défiler sur les Champs-Élysées pour fleurir la tombe du Soldat inconnu. Source : Coll. musée de la Résistance nationale à Champigny-sur-Marne (Fonds Nicolo-Vachon)

 

Vers 18 heures, des soldats allemands en armes arrivent sur les Champs-Elysées et la place de l’Étoile pour mettre fin à la manifestation. Des coups de feu éclatent tandis que les premières charges sont lancées contre la foule. De nombreux jeunes gens sont emmenés par la police ou les soldats allemands. Les incidents se poursuivent jusque vers 19h, puis le calme revient dans les rues de Paris.

 
Le bilan de cette journée s’élève à plusieurs blessés par balle, dont certains grièvement, et à une centaine d’arrestations. Mais le symbole est fort et ce jour restera dans les mémoires comme l’une des premières manifestations de la Résistance.


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