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Inondations : certitude et illusions

Inondations : certitude et illusions

13-10-2015 à 22:24:03

La nuit du 3 octobre, des inondations dévastatrices ont encore frappé les Alpes-Maritimes. Vingt morts et deux disparus sont à déplorer. La répétition, quasi annuelle, de ce type d’événements est révélateur d’un certain nombre d’illusions aveuglant l’opinion publique. Lesquelles ?

Une certitude : un bilan catastrophique
Prises au piège dans un parking souterrain, coincées sous un tunnel ou noyées dans leur maison de retraite, vingt personnes sont mortes et deux ont disparues dans les intempéries qui ont dévasté la Côte d’Azur dans la nuit du 3 au 4 octobre. Les images diffusées sont violentes et inspirent une compassion légitime vis-à-vis des victimes. Mais au-delà de cette triste évidence, il y a beaucoup d’illusions.

1re illusion : le réchauffement climatique, cause des inondations
À Mandelieu-la-Napoule, le président de la République a fait un rapprochement avec les changements climatiques en disant : « Il y a toujours eu des catastrophes, mais leur rythme, leur intensité se sont renforcés ». Il a profité de l’émotion de tous pour rappeler que la France accueillerait à la fin de l’année la conférence sur le climat Cop21 et a appelé à « prendre des décisions » pour le climat. Or, ce rapprochement entre le changement climatique et les inondations dans le Var est faux. Même le rapport officiel pour les décideurs rédigé par le GIEC (Groupe intergouvernemental des études sur le climat) reconnaît que « les chiffres actuels n’indiquent pas de tendance significative dans la fréquence des cyclones tropicaux par rapport au passé ». C’est encore plus vrai dans les régions non tropicales comme l’Europe.

2e illusion : c’est la fatalité !
Les pluies diluviennes ont bien déclenché ces inondations, mais c’est un phénomène habituel dans ces régions montagneuses. Pourquoi donc toutes les mesures ne sont-elles pas prises pour éviter les conséquences dramatiques de ces pluies ?

Dans Actuailes n° 28, nous expliquions les causes d’inondations similaires survenues dans l’Aude en novembre 2014. Celles-ci font suite à de véritables enchaînements de mauvaises pratiques : sur les massifs en altitude, les retenues d’eau, destinées à réguler les cours d’eau, sont insuffisantes. Plus bas dans les vallées, de graves défauts d’entretien des berges et du profil des rivières freinent l’écoulement des eaux.
Par ailleurs, lorsque l’eau arrive à l’embouchure, près de la mer, elle ralentit, parce que c’est à l’embouchure que s’accumulent les alluvions. L’eau se heurte à ces buttes de boues invisibles sous l’eau, freinant son débit. Il faudrait donc déblayer les embouchures, mais ces opéra-tions sont coûteuses et sont de moins en moins pratiquées. Au-delà de ces causes, les conséquences sont d’autant plus graves que de plus en plus de personnes ont construit leur maison en bordure des rivières ou parce que les municipalités ont accepté la construction de parkings souterrains dans des zones inondables.

3e illusion : Le régime légal des « catastrophes naturelles »
Selon les termes de la loi, sont considérés comme effets des catastrophes naturelles « les dommages matériels directs non assurables ayant eu pour cause déterminante l’intensité anormale d’un agent naturel lorsque les mesures habituelles à prendre pour prévenir ces dommages n’ont pu empêcher leur survenance ou n’ont pu être prises » (article L. 125-1 alinéa 3 du code des Assurances). Mais peut-on dire que les « mesures habituelles » sont bien prises « pour prévenir ces dommages » ? Or, en matière d’assurance, il est un principe classique selon lequel on ne peut pas, par exemple, bénéficier d’une assurance incendie si on a provoqué soi-même l’incendie de sa maison. Ce système d’assurance « catastrophes naturelles » est financé par tous les assurés de France, et cela n’incite pas les communes à prendre les mesures utiles au plan local comme : – l’interdiction de construire dans les zones à risque. Les communes préfèrent encourager la construction pour bénéficier ensuite de taxes alimentant leurs budgets ; – l’entretien des berges et de curage des rivières. Les com-munes préfèrent faire des économies d’entretien.

L’État, quant à lui, se donne une bonne image, montrant sa compassion – certes légitime – et en accordant un décret de « catastrophe natu-relle » qui ne lui coûte rien ; il cache que de nombreuses lois écologiques qu’il a promul-guées participent à l’accrois-sement des risques. Par exemple, des lois interdisent le curage du fond des rivières et à leur embouchure dans la mer. Elles prétendent protéger ainsi la biodiversité dans les rivières mais contri-buent à augmenter le risque sur les personnes humaines.

Conclusion
En mettant en place cette assurance « catas-trophe naturelle », l’État a, en quelque sorte, créé un impôt obligatoire sur tous les assurés pour éviter d’avoir à financer lui-même une mesure de solidarité nationale vis-à-vis des victimes. Que faudrait-il faire ? Privilégier des lois obligeant les communautés de communes à investir dans la prévention des risques.

Par ailleurs, il faudra un jour arriver à harmoniser écologie et économie et accepter de se tourner vers le futur, alors que, souvent, l’écologie voudrait mettre l’environnement comme sous une cloche sans toucher à la nature. Il ne faut pas faire de la nature un musée au mépris de l’homme.

Pour aller plus loin, cliquer sur  http://jeunes18.les2ailes.com

 

MOT COMPLIQUÉ

COP21 Ce sont les initiales d’une expression qui signifie « Conférence des parties » (COP), c’est-à-dire une conférence internationale qui réunit les états qui font partie d’un accord international sur le climat. Celle qui se tiendra à Paris en décembre 2015 sera la 21e du genre.

 


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