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Se forger sa propre opinion : l’arrivée de migrants et de réfugiés (16/09/2015)

Se forger sa propre opinion : l’arrivée de migrants et de réfugiés (16/09/2015)

13-09-2015 à 23:04:26

De qui et de quoi parle-t-on ?

Les médias français, mais aussi les hommes politiques ou même les évêques, ont tout d’abord utilisé le mot « migrant » avant d’employer le terme « réfugié ». Quelle est la différence ?

Les personnes qui viennent en Europe pour fuir la guerre en Irak, en Syrie ou en Libye, et pour échapper aux persécutions de l’État islamique (Daech) sont des réfugiés. Ils viennent la plupart du temps en famille et cherchent à vivre dans un pays en paix.

Ceux qui viennent en Europe pour trouver un emploi, des conditions de vie meilleures que dans leurs pays d’origine sont des migrants économiques. Très souvent, ces personnes sont des hommes seuls qui cherchent du travail et enverront une partie de leur salaire à leur famille restée dans leur pays d’origine.

 

Pourquoi ce sujet est-il d’actualité ?

Le phénomène d’arrivée de migrants en Europe n’est pas nouveau : il dure au moins depuis la fin de la guerre en Libye (2011) et s’est amplifié avec les guerres actuelles d’Irak et de Syrie.

La France a d’ailleurs accueilli, depuis l’été 2014, officiellement mille huit cent cinquante chrétiens d’Orient persécutés par l’État islamique, en provenance de ces pays. La plupart d’entre eux ont été accueillis dans des communautés catholiques ou des familles d’accueil françaises. En réalité, ce chiffre est sans doute plus élevé, car il est très difficile de dénombrer les arrivées dans notre pays, certaines se faisant de façon irrégulières et clandestines.

 

Le sujet des réfugiés fait à nouveau la une de l’actualité dans notre pays, comme dans toute l’Europe, depuis la parution d’une photo montrant un enfant syrien mort noyé sur une plage de Turquie. Cette photo extrêmement choquante a suscité une immense émotion en Europe, et notamment en France, et a entraîné un élan de solidarité envers les réfugiés : plusieurs pays ont décidé d’accueillir une partie de ces personnes et de les aider à construire une nouvelle vie. Le président François Hollande a annoncé que la France en accueillerait 24 000 sur deux ans.

 

Un sujet qui divise

Les réactions ont été très diverses à la suite de cette annonce : certains maires ont annoncé vouloir accueillir exclusivement des réfugiés chrétiens (à Roanne, Loire, et Charvieu-Chavagneux, Isère) ; d’autres n’ont pas souhaité se voir imposer d’accueillir des réfugiés et enfin un certain nombre se sont tout de suite mobilisés pour en accueillir.

Au sein de la population française, un sondage publié le 3 septembre annonçait que 44 % des Français étaient favorables à l’accueil des réfugiés. Une semaine plus tard, le 10 septembre, un nouveau sondage affirmait que 53 % des Français étaient désormais favorables à cet accueil.

 

Pour aller plus loin : de nombreuses questions pour un sujet difficile

Mais au-delà des chiffres, pourquoi près de la moitié des Français (47 %) restent méfiants vis-à-vis de l’accueil des réfugiés ? Sans apporter de réponse définitive à ce sujet complexe, voici quelques éléments de réflexion et certaines des nombreuses questions qui se posent :

 

Il est normal de secourir et d’accueillir des personnes en situation de détresse et cherchant une vie meilleure. Mais cet accueil doit se faire dans le souci du bien commun, c’est-à-dire de tous : à la fois ceux qui sont accueillis et ceux qui accueillent. Il ne faudrait pas que l’accueil de réfugiés en France se fasse au détriment des pauvres qui sont déjà en France et qui vivent aussi en situation de détresse.

La photo du petit garçon noyé a provoqué beaucoup d’émotion, ce qui est normal, car il s’agit d’une situation extrêmement choquante. Cependant, il n’est pas bon d’agir et prendre des décisions sous le coup d’une émotion ; il convient de prendre du recul sur la situation. Pourquoi n’a-t-on pas agi plus tôt alors que cela fait des mois que plusieurs milliers de personnes se noient en mer Méditerranée en essayant d’arriver en Europe depuis la Libye et le nord de l’Afrique?

 

Pour venir jusqu’en Europe, une grande partie de ces réfugiés mettent leur vie en danger et payent des sommes énormes à des « passeurs » qui leur louent des bateaux vétustes pour traverser la mer Méditerranée. Ne serait-il pas pertinent de lutter contre ces passeurs qui s’enrichissent sur leur dos ?

Parmi ces réfugiés, quelle assurance avons-nous qu’il n’y a pas des terroristes envoyés par l’État islamique (ou d’autres groupes djihadistes) pour commettre des attaques en Europe ? Depuis 1995, il n’y a plus de contrôle entre la France et les pays voisins mais une libre circulation des personnes et des marchandises. Ne serait-il pas sage de rétablir ce contrôle et de filtrer le flux des personnes ? Cela permettrait de différencier ceux qui fuient la guerre, les profiteurs, ou même les terroristes. Avoir de vraies frontières n’est pas contradictoire avec le devoir d’accueillir des réfugiés.

 

Jusqu’à quand et combien de réfugiés faudra-t-il continuer à accueillir ? Ne vaut-il pas mieux aider leurs pays à retrouver la paix et/ou une meilleure situation économique pour éviter le départ d’un grand nombre de leurs habitants?

 

Quel avenir allons-nous proposer aux réfugiés ? Un statut de réfugié temporaire, en attendant qu’ils retournent dans leur pays quand la situation sera rétablie? Ou alors vont-ils rester pour toujours en France ? N’est-ce pas au détriment de leur pays qui a besoin d’eux ? Vont-ils accepter de s’intégrer à la population française ou ne risque-t-on pas de créer des communautés repliées sur elles-mêmes? Vont-ils arriver à surmonter les difficultés dans leur recherche d’un logement, dans l’apprentissage de la langue et dans la recherche d’un emploi ?

 

 

Pour illustrer la complexité de ce sujet, il suffit de regarder nos hommes politiques : ils sont très divisés entre eux, indépendamment de leur parti politique. Les principaux désaccords s’expliquent par la difficulté à quantifier le nombre de migrants et de réfugiés arrivés dans notre pays, et par le peu de solutions existantes pour faire face à cette situation.

 

Votre journal continuera à suivre ce sujet qui ne manquera pas d’alimenter l’actualité des prochaines semaines et qui peut faire l’objet de discussions en famille. 


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