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Le don d’organe

Le don d’organe

12-04-2015 à 23:01:10

Vendredi 10 avril, dans le cadre du projet de loi « Santé », les députés ont adopté un amendement (texte modifiant ou complétant une loi existante) pour faire évoluer le don d’organe après décès. Comme nous l’avons vu dans le dernier numéro, à cause de certaines maladies, on peut avoir un organe qui ne fonctionne plus ou très mal, ne répondant à aucun traitement.

Lorsqu’il s’agit d’un organe vital comme le foie, le cœur, le rein, le poumon, on cherche alors à le remplacer afin que la personne puisse continuer à vivre. On peut prélever cet organe, s’il est en bon état, sur une personne qui vient de mourir, et le greffer dans le corps de la personne malade. Pour cela, il faut respecter plusieurs conditions : certaines molécules, qui sont à la surface de nos cellules et disent notre « identité » biologique (car elles sont différentes pour chacun), doivent se ressembler le plus possible pour le donneur et le receveur de l’organe. Sinon l’organisme du receveur risque de rejeter l’organe qu’il a reçu. Il faut aussi agir très vite, en quelques heures, sinon les organes se dégradent et on ne peut plus les greffer. Lorsqu’une personne décède, si on pense pouvoir prélever certains organes, les médecins demandent à sa famille son accord. On opère alors le corps de la personne décédée, puis on le recoud avant de le rendre à ses proches pour l’enterrer. C’est la famille qui a le dernier mot, même si la personne a clairement dit, lorsqu’elle était vivante, qu’elle souhaitait donner ses organes, en s’inscrivant sur un registre national de donneurs.

Le nouvel amendement rend le don d’organe automatique, le consentement de la famille n’est pas nécessaire, sauf si la personne a clairement exprimé son refus en s’inscrivant sur un registre national. Le but de ce changement est d’avoir davantage d’organes à greffer, car on manque de donneurs aujourd’hui et que les familles refusent le don d’organe dans 40 % des cas. Mais cela pose un grave problème : à qui appartient le corps d’une personne morte ? Est-ce l’État qui en est le propriétaire et peut en disposer ? Peut-on le considérer comme un simple matériau sans signification pour les personnes qui l’entourent ? C’est donc bien une réflexion sur l’homme et sur le corps qui est en jeu, et sur la place de l’État dans notre réflexion morale, même si la greffe est une belle avancée pour l’homme.

 

Pour aller plus loin

En Europe, pour prélever un organe, certains pays attendent un consentement explicite (le patient a clairement dit qu’il était d’accord) : c’est le cas au Danemark, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, en Irlande,en Allemagne. Certains appliquent un consentement présumé (on prélève sauf si la personne a clairement exprimé son refus) comme l’Autriche, la Belgique, l’Espagne, la Finlande, la Grèce, l’Italie, le Luxembourg, le Portugal, la Suède et désormais la France. Cependant, comme le système des registres marche très mal (très peu de personnes s’inscrivent), les médecins dialoguent le plus souvent avec la famille pour prendre leur décision !

Anne-Sophie Biclet

 


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