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On veut du beau !

On veut du beau !

29-11-2017 à 09:29:46

Nous sommes tous entourés d’œuvres d’art. Mais qui les réalise ? Qui se cache derrière ce tableau ou cette sculpture ? Pour y répondre, nous avons rencontré pour vous Sandrine Lemoigne1, qui vient d’exposer à Versailles ses œuvres de peinture et de sculpture.

 

 

Depuis quand peignez-vous et sculptez-vous ?

À 10 ans, j’ai commencé des cours d’aquarelle, puis, à 18 ans, ma mère (qui devait avoir senti des choses !) m’a encouragée aussi à la sculpture. J’ai fait ensuite des études d’histoire de l’art, tout me passionnait !

Il y a six ans, en débutant une formation dans l’atelier d’un grand peintre, je l’ai entendu dire le premier matin : « Si vous voulez devenir peintre, vous le deviendrez, mais vous devrez travailler tous les jours du matin au soir, toute votre vie ! » Ça a été un déclic et un coup de foudre total et définitif pour ce métier !

Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Il n’y a rien d’exotique ! La beauté, pour moi, est dans l’Homme et dans le quotidien, ce sont des moments tout simples. Je flashe souvent sur des scènes qui dégagent une poésie incroyable : par exemple, une petite fille endormie sur une chaise et, ensuite, j’essaye de retrouver l’émotion que j’avais ressentie en en faisant une sculpture.

Depuis un an, je peins des tableaux sur le thème du chant avec une technique très ancienne, presque oubliée et qui date du XVe siècle : la tempera grasse. On mélange du jaune d’œuf (bio !), des pigments de couleur en poudre, du vernis et du pétrole ! Ça fait une crème de beauté très blanche et lumineuse (mesdemoiselles, ne l’essayez pas, c’est super toxique !), dont je me sers pour mettre en lumière mes chanteurs. Pour peindre le chant comme on écrit la musique sur une partition, j’en ai gardé les codes : peinture en noir et blanc et papier à fines rayures. Et puis, dans ma peinture, je dessine des petites références à des tableaux anciens où il y a des chanteurs pour rendre hommage aux grands artistes qui nous ont précédés.

En fait, j’essaye d’être attentive, d’avoir une disposition du cœur et sentir vibrer en moi la beauté qui nous entoure et, lorsque je crée, j’essaye de retrouver cette vibration, c’est là que l’idée de l’œuvre se met en place.

 

Quels conseils donneriez-vous à un adolescent pour développer ses talents ?

Pour développer ses talents, il faut, à mon avis, travailler quatre points.

Se recueillir pour ressentir ses émotions à l’intérieur de soi. Quand tu chantes, joues d’un instrument, dessines ou lis une poésie ou bien un bon livre, si tu es très heureux à ce moment-là et que tu ressens une joie vraiment profonde et que tu oublies l’heure, alors c’est qu’il se passe, là, quelque chose d’important pour toi.  Et si tu ne nourris pas ce qui te fait vivre, tu vas te dessécher. Il faut écouter ce qui nous anime et le faire vivre.

Du travail : car tout art demande un très long apprentissage. Disons-le franco : toute une vie ! L’art, c’est comme le langage, tu as plein de belles choses à dire et à exprimer, mais si tu n’as pas appris à parler, tu es bloqué ! Cela ne doit pas nous décourager et c’est là que la persévérance dans le travail change tout ! C’est une difficulté aujourd’hui, car nous avons accès très vite à tant de choses sans effort. Bref, il y a le talent, peut-être, le désir, surtout et le travail, beaucoup ! Je rencontre des adolescents qui me disent : « J’adorerais peindre mais je suis nul… » : ils sont bloqués, ne font rien et laissent s’éteindre ce désir. Non, on n’est pas « nul ». On ne « sait » pas, c’est différent. Alors, on se met au travail, on accepte de se tromper, on recommence et, après, on peut parler de satisfaction et de progrès !

De la patience : la créativité vient en travaillant. Je ne crois pas beaucoup au mythe des artistes qui créent sans avoir beaucoup travaillé.

De l’humilité : on se demande toujours si on va réussir à être un passeur fidèle de cette beauté qui nous dépasse.

Le travail d’un artiste est de saisir la beauté dans le quotidien et d’essayer de la donner à voir aux autres pour qu’à leur tour ils la voient dans leur propre vie et y trouvent de la joie.

Vous avez souhaité promouvoir l’art avec l’association On veut du beau1, pourquoi cette initiative et comment cela se passe-t-il ?

Le but de la formation On veut du beau est d’aider les jeunes à recevoir une éducation intégrale à l’art, en développant leur intelligence, leur affectivité et leur sensibilité. Et surtout d’aider des jeunes, quelles que soient leurs conditions socio-culturelles, à trouver leur espace intérieur et les clés de leurs émotions pour pouvoir vibrer devant la beauté et s’en émerveiller. Les vies que nous menons aujourd’hui risquent de nous laisser à la périphérie de nous-mêmes et nous risquons de perdre notre vie intérieure.

Sur trois séances, on part de l’intime de nous-mêmes, de nos sens (ouïe, odorat, toucher, vue et goût) grâce à des exercices artistiques, avant d’aller plus loin dans l’apprentissage des grands principes de la peinture et la découverte de l’histoire de l’art.

1.     www.sandrine-lemoigne.com.   2. On veut du beau : www.ovdb.fr.

 

Gaëlle Iordanow

 

Actuailes n° 77 – 29 novembre 2017

 

 

 

 

 


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